12 de julho de 2016

L’avenir de la dérive scientiste, par Yves Vanderveken





Perspective d’avenir ?
Un bond en arrière dangereux de 116 ans !

Par Yves Vanderveken


Yves Vanderveken

Maggie de Block, Ministre fédérale de la Santé publique, s’apprête à faire réviser fondamentalement la loi sur la psychothérapie à peine votée sous la législature précédente. Cette loi avait reçu l’aval de l’ensemble du secteur des thérapies du soin en santé mentale. Le projet revient ni plus ni moins à éradiquer la variété du champ des thérapies par la parole, en décrétant par un coup de force la suppression de la reconnaissance du métier de psychothérapeute, pour en inféoder l’acte, dorénavant réservé aux médecins et psychologues, aux seules Evidence Based Practice. Logique importée du contrôle des techniques médicales, elle est parfaitement inadaptée aux soins relevant du psychisme et de ses symptômes. Appliquée à cette dimension, elle relève d’une pure idéologie scientiste qui réduit l’être humain à ses comportements observables et mesurables.

Sans doute Maggie de Block se moque-t-elle, en déclarant toutes ces thérapies de la parole dépassées. Elle dit regarder vers l’avenir. C’est un faux-semblant. Ce n’est pas que le vaste champ ouvert par la découverte de la psychanalyse, et dont les psychothérapies opérant par la parole et l’écoute procèdent – tout en ayant produit toutes sortes d’ersatz et de contrefaçons – soit dépassé. Maggie de Block, son cabinet et le lobbying qui l’influence, veulent tout simplement par leur action en revenir aux temps d’avant sa découverte !

Freud était médecin. Il est entré dans l’histoire et a inventé la psychanalyse en arrachant le symptôme psychique de la sphère scientiste et médicale, parce qu’il avait justement découvert qu’il excède toujours et ne relève jamais du comportement observable et mesurable. Qu’il est toujours autre à ce qu’il présente – surdéterminé par d’autres facteurs, s’exprimait-il. Et qu’en cette matière, le regard du médical ne voyait rien, sinon au mieux, comme dans le cas des hystériques, une simulation. D’ailleurs, nous y sommes déjà revenus dans les sphères qui se sont totalement affranchies du savoir et de la pratique rare et si exigeante de la psychanalyse même. En témoigne par exemple, dans la psychiatrie d’aujourd’hui qui a vendu son savoir classique au seul neuro-biologisme, le diagnostic abracadabrantesque de pervers narcissique manipulateur qui, avec le syndrome dit autistique, est en passe de recouvrir quasi l’ensemble du champ psychopathologique et, par le même coup, le détruit.
  
Ce qui sera présenté à l’opinion comme une avancée majeure et inédite, sous couvert d’un accès généralisé aux remboursements des soins d’aide psychologique, constituera en fait une régression majeure et dangereuse.

Là aussi, il y a un au-delà pour l’instant gardé non visible. Ce qui y est à l’œuvre, c’est une mise en coupe des soins de santé mentale au profit de sa seule approche comportementaliste dirigiste. Elle empêchera la liberté de choix du patient du type de soins auquel il voudra recourir. Il inféodera l’aide psychologique au seul contrôle social, déterminant des circuits de soins obligatoires et rapides, dont le patient sera exclu et bien entendu privé de ses subventions et assurances d’aide sociale, quand il ne répondra pas à la technique. C’est déjà l’horizon, dans le secteur de la santé tout court, de ceci : vous fumez ? Alors plus de remboursement des soins et de couverture des invalidités pulmonaires. Et cetera. Or, le symptôme psychique, c’est justement ce qui est produit par le refus de la conformité à une norme. Eh oui ! le symptôme psychique, c’est le signe d’une rébellion du Ça contre le Surmoi. Tout le monde sait cela depuis Freud.

Nous nous opposons à cette dérive scientiste qui n’approche l’être humain que dans une dimension qui vise toujours plus à ajuster sa vie et ses conduites, fut-ce pour son bien, à une norme qui n’existe pas – celle toujours définie par le Maître.

Cette dérive est l’équivalent de celle qui vise à réduire l’acte médical à une pure technique protocolisée sans âme, de celle qui se donne pour objectif de codifier l’art, de celle qui se voudrait de réduire la littérature à un enseignement de techniques d’écriture, de celle qui rêve de réduire l’esprit de la loi à sa lettre, l’amour à sa chimie moléculaire, de celles qui viseraient à contrôler les passions de l’âme, de la politique et des opinions. 

La psychanalyse, comme discours et expérience, porte en son cœur la garantie de l’opposition à cette dérive. Celle qui vise, in fine, à réduire le féminin à la norme mâle (Jacques Lacan).

Chère Maggie de Block, ce que vous ne voyez pas, c’est qu’il est fort imprudent de légiférer en ces matières, en faisant fi du savoir des spécialistes de la si mystérieuse psyché. Nos sociétés, et donc le politique, en payeront cher le prix. Elles et ils devront en assumer les conséquences. Elles sont déjà à notre porte, que dis-je, dans la maison ! Vous pensez encadrer et promouvoir la guérison psychique. 

Vous verrez, en rendant la vie impossible aux psychothérapeutes et au tissu compassionnel dont ils assurent, de façon non réglementée et en dehors du regard évaluateur, l’éminente fonction sociale, ressurgir comme par magie des pathologies disparues, du style des épidémies hystériques, des radicalisations et des rebellions sociales insoupçonnées, la prolifération des sectes, sorciers et gourous en tout genre, échappant aux velléités universalistes du contrôle d’évaluation bureaucratique. Ils seront, tel Frankenstein, la bête que vous aurez ni plus ni moins contribué, serve d’un discours qui vous dépasse, à engendrer.


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